Centre d’art et de culture
Un site oublié
Lieu du pouvoir politique du début à la fin du XXe siècle et abandonné
au milieu des années « 1990 », l’ancien palais des gouverneurs de Lomé est resté en friche pendant 20 ans. Derrière son enceinte bordant l’océan, l’édifice s’est progressivement dégradé, son parc est devenu un sanctuaire de la faune et de la flore locales. Le président de la république, conscient de la valeur symbolique, historique, architecturale et paysagère du site, a décidé de le réhabiliter en lieu d’échange et de culture d’envergure internationale. Le projet se veut exemplaire et respectueux de ce patrimoine remarquable.
Une architecture redécouverte
Ce site, élément majeur de la composition de la ville de Lomé, achevé en 1905, est emblématique de l’histoire de la constitution de l’identité nationale du Togo. Sa typologie représente un unicum dans l’histoire de la colonisation allemande et de l’accession des pays africains à leur indépendance. Plusieurs transformations ont notablement altéré la composition et la qualité architecturale du site. Des recherches d’archives et de nombreuses investigations sur le bâtiment ont construit le projet de restauration.
Un chantier de coopération
Un travail important d’échange s’est développé entre l’équipe de maîtrise d’oeuvre et les entreprises toutes basées à Lomé. Les acteurs locaux ont apporté leurs savoir-faire et leurs connaissances des matériaux disponibles. Les architectes de Segond-Guyon et d’archipat ont pris en compte le contexte local dans l’élaboration du projet et ont développé des transferts de compétences notamment dans la valorisation du patrimoine, le projet architectural, l’encadrement et le contrôle de qualité.
Un parc à l’échelle du palais
Le parc forme un écrin d’exception au palais. L’architecte paysagiste Frédéric Reynaud a recensé plusieurs centaines d’espèces végétales et a complété la palette existante dans une composition jouant entre la monumentalité nécessaire à la mise en valeur du palais et la valorisation de ce sanctuaire sauvage. Le bassin historique est restauré, des bassins rectangulaires plantés accompagnent la composition jusqu’à l’océan.
Une filière de bois durable : le teck
Les galeries de l’étage, remplacées dans les années « 1980 » par des arcades en béton, sont restituées en bois suivant les dispositions d’origine. Les claustras réalisés en bois, ajouts de différentes époques et de compositions disparates, sont réinterprétés dans un langage contemporain. Le choix du bois de teck, impossible à justifier en Europe, s’est imposé comme la filière la mieux contrôlée et gérée dans la région, Ghana, Togo, Bénin.
L’acier, marqueur des aménagements contemporains
Les archives identifiées à ce jour, se limitent à des photos extérieures d’ensemble qui ne donnent que très peu d’éléments sur la décoration intérieure. Le projet restaure le garde-corps en fer forgé, importé d’Hanovre. Des carreaux de ciments décorés, possiblement d’origine, sont implantés dans un salon de prestige, les fenêtres en bois de la rotonde sont restaurées. Des menuiseries très fines en acier de couleur sombre, des sols en terrazzo récupérant des parements en marbre de carrare de la décoration de la fin du XXe siècle, des éléments secondaires en bois de teck signent l’intervention contemporaine.
Un projet global et garant de développement durable
Quatre agences d’architectes ont collaboré pour ce projet : Segond-Guyon, architecte mandataire, pour la qualité de ses réalisations contemporaines et ses réalisations à l’international, archipat, architecte du patrimoine, pour son expérience en réhabilitation de bâtiments patrimoniaux, Reynaud Paysage, architecte paysagiste, pour ses connaissances en botanique et en conception paysagère, Sara Consult, architecte implanté à Lomé, garant de l’ancrage local de l’équipe. La conception est globale et garante de développement durable, associant, architecture, patrimoine, paysage et contexte local.