Cour d’Appel de Dijon

Conserver en améliorant les performances du patrimoine de l’Etat

Un édifice-ville, expression de la fonction judiciaire

L’édification du Palais débute en 1510 pour la tenue des séances du Parlement de Bourgogne. Il s’est par la suite constitué par ajouts successifs : il en résulte une diversité des constructions, dont les plus remarquables furent conservées au fil des agrandissements. A partir de la seconde moitié du XIXe s., il est restauré et agrandi vers le sud, autour d’une nouvelle cour : c’est un ordonnancement général qui monumentalise l’expression de la fonction judiciaire et l’insère à l’échelle urbaine.

L’édifice intègre d’innombrables ouvrages dont la qualité architecturale et décorative est indéniable, telles les sculptures décoratives et figuratives qui ornent les parties hautes du porche et de la porte d’entrée, oeuvres de Brouhée, Clamonet, Parigot et Sambin, ou encore des vitraux du XVIe siècle de la Salle Dorée.

Une intervention globale sur les enveloppes, en site occupé

En raison de la vétusté naturelle et de problèmes liés à la qualité de la pierre employée, les façades et les sculptures étaient particulièrement dégradées, des chutes de fragments ont eu lieu et ont nécessité des protections ou déposes d’urgence.

De nombreuses couvertures sont à bout de souffle, et la majorité des menuiseries sont en limite d’usage. Les performances thermiques du bâtiment s’en trouvent dégradées. Le Ministère de la Justice a confié à Martin Bacot, architecte en chef des monuments historique, la conduite d’une opération générale de restauration des façades, couvertures et menuiseries extérieures, dans le cadre du 500e anniversaire de la fondation de la Cour d’Appel (1522 – 2022). L’opération est rendue délicate par sa situation en centre-ville ancien et en site occupé, toutes les fonctions judiciaires et administratives étant maintenues pendant les travaux.

Le saviez-vous ?

Au démarrage du chantier sur le Tribunal de Commerce, les déposes préliminaires ont permis de découvrir un vestige de journal daté de 1948, glissé sous les couvertures en zinc ; témoin datant la dernière intervention sur ce bâtiment de 1878, mais qui n’était ni datée ni documentée. Elle fut drastique, puisque caractérisée par des entailles de sculptures et des modifications de matériaux (tuiles à la place d’ardoises, zinc à la place de plomb…). Le projet permettra de rétablir l’état ancien de cet édifice de qualité.

Une conservation qualitative

Le projet de restauration du Palais de Justice vise à conserver les dispositions générales telles qu’elles nous ont été transmises à l’issue des dernières grandes campagnes de travaux du XIXe s., et à en rétablir le caractère qualitatif lorsque les ouvrages sont lacunaires ou ont fait l’objet d’interventions dépréciatives.

Les façades seront restaurées dans leur totalité. Les parements en pierre de taille seront nettoyés, les pierres dégradées seront changées à l’identique. Les enduits dégradés ou déposés seront restaurés ou rétablis. Expressions de la symbolique du Palais de Justice, les sculptures (trophées, attributs, décor d’architecture) seront restaurées ou refaites en copie des modèles existants.

Les couvertures les plus dégradées seront remplacées à l’identique en rétablissant des matériaux de haute durabilité (ardoises épaisses traditionnelles, cuivre en remplacement du zinc..). Les menuiseries anciennes seront restaurées. Celles sans valeur patrimoniale seront remplacées d’après les modèles existants.

Restauration de sculpture sur la façade du Tribunal de Commerce (1878)

Conservation et amélioration énergétique : une méthode

Relevés détaillés des menuiseries métalliques

Dans le même temps, le projet vise à améliorer les usages et les performances thermiques des ouvrages concernés. L’agence a développé une méthodologie de diagnostic rigoureuse, procédant par exemple à l’inventaire et au diagnostic fiche par fiche des 476 menuiseries de l’ensemble, afin d’en suivre précisément les interventions. Les relevés de détails typologiques ont permis de vérifier la faisabilité d’y intégrer des vitrages doubles ou feuilletés à hautes performances thermiques.

Menuiserie à petits-fers et carreaux sur pointes (XIXe siècle)

Durabilité et qualité environnementale du patrimoine

La conservation du Palais de Justice au cœur de Dijon dépasse l’enjeu du monument historique en tant qu’œuvre d’art : il s’agit autant de l’enjeu de la réaffirmation de l’ancrage d’une fonction régalienne au cœur du centre-ville, et dans des édifices anciens ainsi mis au défi de leur adaptation à des usages en perpétuelle évolution, que de l’amélioration de leurs performances énergétiques. La qualité des matériaux, des mises en œuvre et des savoir-faire traditionnels répondent ici à l’enjeu de la durabilité, du faible impact environnemental, tandis que les performances énergétiques sont améliorées aux points cruciaux que sont les menuiseries.

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