Basilique du Sacré-Cœur de Paray-le-Monial

Un orgue créé pour la musique contemporaine

Contexte

Le nouvel orgue de la basilique du Sacré-Cœur de Paray-le-Monial est appelé à succéder à un instrument antérieur situé sur la tribune du bras sud du transept. L’instrument est placé sous le signe de la figure d’Olivier Messiaen, tout en étant ouvert au répertoire des grand symphonistes français, l’improvisation et la composition, dans un triple rôle liturgique, culturel et pédagogique. A l’issue d’un appel d’offre, la Manufacture Quentin Blumenroeder a été retenue, associée à Martin Bacot, architecte en chef des monuments historique et organiste (agence archipat), pour la conception architecturale. Le projet a retenu l’approbation de la 5ème section de la Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture (CNPA).

Création architecturale au sein d’un édifice patrimonial de premier plan

L’architecture romane de la basilique impose son écriture à la fois majestueuse et limpide. L’espace interne offre un remarquable équilibre entre élan vertical et repos horizontal. Dans cet écrin historique, la présence de l’art contemporain offre un contrepoint heureux (mobilier liturgique, vitraux, chemin de croix, lustrerie). Le nouvel orgue a vocation à se joindre à ce concert visuel qui laisse le pas au monument sans renoncer à une présence propre généreuse. L’insertion de l’orgue dans l’édifice a recours à une volumétrie sobre et à des règles de proportion géométriques. La richesse du décor viendra en contrepoint, apportée par une claire-voie établie au-devant des tuyaux de Montre, d’un dessin libre, aux effets iridescents. Ainsi la perception de l’instrument varie-t-elle selon le point de vue dans l’édifice : à distance, l’orgue installe un certain repos visuel par sa géométrie simple. A proximité de l’instrument, le regard entre dans le détail du décor et de sa narration poétique. L’architecture sonore est largement à l’origine de la conception générale de l’architecture du buffet.

Le saviez-vous ?

Olivier Messiaen, un des plus grands compositeurs du XXe siècle, était particulièrement sensible à l’identité des paysages, la richesse mouvante des couleurs, et la présence musicale des oiseaux. Son Catalogue d’oiseaux, œuvre pour piano composée entre 1956 et 1958, en 13 tableaux, est inspirée par ses notations musicales des chants d’oiseaux, l’observation des lieux, des éléments du paysage, les moments du jour et de la nuit, les couleurs et les variations de la lumière naturelle. Chaque tableau est un paysage à la fois sonore et visuel peuplé de plusieurs oiseaux.

Oiseaux, couleurs et paysages

L’identité décorative et poétique de l’instrument, inspirée de l’univers créatif de Messiaen est inspirée de son Catalogue d’Oiseaux. La structure des 13 tableaux de l’œuvre a été organisée sur la géométrie du buffet en une répartition cyclique des moments de la journée. Le décor de l’orgue est constitué d’une claire-voie en aluminium relevé de couleurs à l’émail à froid, qui se déploie devant la façade de tuyaux. Profusion, luxuriance, parcellisation de la perception en une multitude de détails accrochant la lumière, tels sont les effets de cette claire-voie dont le dessin est une transposition graphique de chacun des paysages des 13 tableaux musicaux du Catalogue : ciel, feuillage et branchage, rocher, sédimentation, flux d’eau vive ou nappes d’eau dormante. Tous les oiseaux présents par leur chant dans l’œuvre sont présents dans le tableau qui leur est propre.

Une expertise croisée entre musique et architecture

L’expertise d’archipat en matière de création d’orgues s’appuie sur la double expérience professionnelle de Martin Bacot, comme organiste et comme architecte. L’agence a développé plusieurs projets de création d’instruments en collaboration avec de nombreux facteurs d’orgue, dont plusieurs ont été remarqués pour leur originalité, issue d’une démarche de conception architecturale s’appuyant sur l’expertise patrimoniale : église du Bourg d’Oisans, temple Maguelone de Montpellier, projets pour l’église d’Avrillé, Neuville-sur-Saône, St-André de Lyon, Givry, cathédrale luthérienne de Berlin…

Servir la création

La conception architecturale a porté également sur la console, élément mobile installé au sol dans l’église et où sont rassemblées les commandes de l’instrument, afin de mettre en valeur le jeu de l’organiste en situation de concert. L’attention est portée à la visibilité du jeu des mains (lignes basses de la console, ouverture des gradins) et des pieds (dégagement du piétement, légèreté des supports du bancs).
L’orgue, instrument de musique monumental, relève autant du registre de l’architecture que de la facture instrumentale. Beaucoup plus souvent visible qu’il ne se fait entendre dans le rituel de la liturgie ou le temps du concert, sa conception architecturale introduit un dialogue entre musique et architecture, autant qu’entre création et patrimoine.

Revoir le projet

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