Le patrimoine militaire, ferment du renouveau urbain
« Quand je faisais mon service militaire… »
La caserne Sergent Blandan est établie sur le site de l’ancien fort Lamotte (1833), l’un des mieux conservés de la première ceinture de défense de Lyon. Fait remarquable, ce fort a lui-même été constitué autour du château de la Motte (XVe et XVIe siècles), témoin d’un prestigieux passé sur la rive gauche du Rhône : arrivant de Florence, Marie de Médicis y fut reçue, la veille de son mariage avec Henri IV célébré à la Primatiale de Lyon.
Comme toute la première ceinture de Lyon, le fort a été achevé au moment où il devenait inutile, devenu indéfendable face aux progrès de l’artillerie. Le fort est d’abord reconverti en caserne militaire, où il accueille les conscrits du Rhône pendant plus d’un siècle.
Du délaissé urbain au retour de la nature en ville
Au départ de l’armée en 2007, ce vaste tènement a été acquis par la Communauté Urbaine de Lyon pour constituer un nouveau parc urbain, pièce majeure d’un développement équilibré de la rive gauche du Rhône. La période de latence entre le départ des militaires et la reconversion a permis un développement spontané d’une végétation naturellement adaptée à un biotope singulier. Comme le patrimoine bâti, ce patrimoine naturel a été accueilli et renforcé comme un des éléments constitutifs du projet du nouveau parc.
Le dialogue du patrimoine et du paysage
En prévision de la reconversion, un diagnostic patrimonial général du site a été mené pour identifier les points forts des structures héritées de la défense. L’analyse des bâtiments, remarquables par leur qualité constructive et leur typologie (casernements, poudrière, salle d’arme), a préparé leur reconversion, réalisée dans le cadre d’opérations ultérieures (le grand casernement est ainsi devenu depuis Cité universitaire).
Le château Lamotte, joyau historique du site, a fait l’objet d’une analyse révélant une riche stratigraphie historique. Les vestiges structurants des dispositions défensives bastionnées construites autour de lui, et très altérées depuis, ont été mises en évidence : une caponnière casematée, ouvrage rare et original, a pu ainsi être intégrée au périmètre du futur parc et en partie restaurée en restituant ses parties sommitales disparues. En révélant les invariants patrimoniaux du site, il s’agissait d’enrichir le projet de parc dans un dialogue fortifiant entre le paysage et l’histoire.
Une mission multiple, de l’analyse au projet, de l’accompagnement à la maîtrise d’oeuvre
archipat a intégré l’équipe pluridisciplinaire menée par l’agence de paysage BASE, apportant son expertise historique et patrimoniale, préparant l’instruction du projet par l’Etat au titre des diverses protections patrimoniales, définissant le cadrage d’intervention sur les différents bâtiments soumis à consultations ultérieures, enfin en conduisant la maîtrise d’œuvre de la restauration de l’ensemble du dispositif fortifié, au sein du chantier global du parc.
Du patrimoine militaire à l’identité du lieu
Le destin de toute architecture défensive est ainsi de céder le pas aux avancées techniques des moyens d’attaque : son devenir passe alors par la reconversion. L’immense linéaire des remparts, la topographie défensive, la toponymie militaire structurant les différents lieux du parc urbain, en constituent aujourd’hui l’identité unique et en actent la réussite.